Classe des Arachnides : Ordre des Araignées

Les araignées de la famille des Pholcidae, au corps compact et aux fines pattes démesurément longues, rappellent un peu les Opilions (ou “faucheux” — rappelons que les opilions ne vivent pas dans les maisons et qu’ils ont le corps en une seule partie). Ces petites bêtes sont tellement fines qu’elles n’inspirent généralement pas la frayeur que provoquent les grosses araignées foncées et velues.

Les Pholcus phalangioides confectionnent des toiles espacées de forme presque sphérique et se tiennent au repos la tête en bas, dans une position caractéristique.

Lorsqu’elles se sentent menacées, elles se mettent à osciller si vite qu’elles en deviennent littéralement invisibles. Ce comportement leur est propre. Capables d’attendre longtemps la capture d’une proie, elles peuvent résister au jeûne pendant plus de 6 mois, qu’elles passent immobiles, suspendues à leur toile. Elles sont très casanières. Leurs proies préférées seraient les moustiques.

La femelle garde son cocon d’oeufs accroché dans ses pédipalpes et ne se nourrit plus pendant toute la durée de l’incubation. Un cocon contient 40 à 60 oeufs et une femelle peut en fabriquer deux ou trois sur une année avec le sperme d’un seul mâle.

La mère aide les jeunes fraîchement sortis de leur oeuf à se libérer du cocon commun. Ils se rassemblent petit à petit sous le cocon, pendus la tête en bas comme tout Pholcus. Ils s’installent peu après sur la toile maternelle, tout en restant à distance les un des autres. Ils ne se nourrissent pas pendant plusieurs jours et muent. Ce n’est qu’à partir de cette mue qu’ils vont se disperser chacun, songeant enfin à manger. Ils capturent même à l’occasion l’un ou l’autre de leurs voisins immédiats.

Chez les araignées, les mâles se reconnaissent à leurs pédipalpes renflés à l’extrémité. Les Pholcus mâles portent de véritables gants de boxe (voir illustration ci-dessous), qui sont les accessoires-clés indispensables au transfert du spermatophore dans les organes génitaux de la femelle. Les mâles assez habiles et rapides arriveront à s’échapper dès le transfert effectué, sinon, ils serviront de repas à leur vorace partenaire du moment.

Les Tégénaires sont parmi les plus grosses araignées européennes. Dans les bâtiments, les espèces les plus fréquentes ne mesurent que 10 à 18 mm de longueur de corps, mais avec les pattes étendues, l’animal atteint ou dépasse facilement 5 à 6 cm. La plus grande, si l’on considère sa taille avec les pattes étalées, est Tegeneria parietina : elle peut atteindre 13 cm de diamètre. Elle est assez peu répandue, mais se cantonne dans les maisons.

Leurs pattes très grandes et leur corps très velu les rendent terrifiantes, de l’avis de la plupart des ménagères. Pourtant, les tégénaires, comme beaucoup de leurs consoeurs sont des alliées précieuses dans la lutte contre les mouches.

Elles chassent à l’affût, tapies dans leur trou, guettant les vibrations d’une proie potentielle sur leur toile. Celle-ci est généralement tendue dans un coin de pièce comme une étagère triangulaire. Lorsque la toile est recouverte de poussière, l’araignée l’abandonne et en tisse une autre. Les fils ne sont pas collants : elle doit se précipiter hors de sa cachette pour tuer sa proie.

Comme les cloportes (Crustacés), elles se tiennent partout où il fait assez humide : salles de bains, caves, dépendances. Elles vivent aussi sous les avant-toits et dans les cavités des murs de pierre. Les individus qui se promènent, la nuit la plupart du temps, sur le sol et les murs sont des animaux de passage qui chercheront à s’installer si la pièce est assez humide. Au printemps, il s’agit plutôt de mâles à la recherche d’une femelle. L’accouplement a lieu en mai-juin. La femelle accroche son cocon d’oeufs à sa toile ou dans un abri proche.

Sachez que les araignées que l’on trouve dans les baignoires ou les éviers n’y viennent pas par les tuyauteries, mais y tombent lors de leurs pérégrinations. Les parois lisses les empêchent de sortir.

Un observateur peut facilement se rendre compte du sexe de l’araignée qu’il a devant lui : les mâles (voir ci-dessous) ont une excroissance plus ou moins globuleuse à chaque pédipalpe, alors que les femelles n’en ont pas. Évidemment, si l’araignée est jeune, ce n’est pas encore très marqué. Ces renflements sont des organes d’accouplement. Ils ont une forme bien précise, prévue pour s’emboîter exactement dans l’organe génital de la femelle.

Tegenaria saeva Blackwall et T. atrica Koch sont apparemment identiques pour l’observateur. Ces deux espèces se distinguent l’une de l’autre par la structure de leurs organes d’accouplement (« genitalia »). Il est presque toujours nécessaire d’examiner ces organes au microscope pour identifier les diverses espèces d’araignées. C’est le cas également pour de nombreux groupes d’insectes.